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Ces derniers jours je ne suis pas dans mon assiette, comme si j’avais perdu tout mon peps... Tous les jours je broie du noir, je n’ai pas la force d’agir. Je n’arrive même pas à travailler alors que je n’ai que ça à faire. Je suis à la bourre dans tous mes cours. Quand j’y pense, je commence à m’en vouloir et à culpabiliser. La plupart du temps, je remets ça à plus tard, je me dis « arrête de jouer les Cassandre, on est qu’en S5, t’auras tout le temps de te rattraper... ». Bref, je procrastine.
« N’empêche qu’il va quand même falloir y aller mollo sur les séries et travailler d’arrache-pied si je veux réussir mon année.», me dis-je en rassemblant toutes mes forces afin de m’extirper péniblement hors de mon lit. Ce soir-là, j’étais crevée, j’avais les crocs et il n’y avait rien à manger chez moi. J’en avais ras la casquette de tourner en rond. Ma mère rentre du boulot. « Ça va, ça baigne ? », me dit-elle sarcastiquement. Comme si il fallait en rajouter une couche. Elle fait souvent ça, « parler comme les djeuns » comme elle dit. Je ne fais aucun commentaire. Elle part alors se préparer dans sa chambre.
« Eh ben, tu t’es mise sur ton trente et un ce soir », lui lançais-je alors qu’elle enfilait sa veste. J’aime bien la provoquer un peu, toujours chercher la petite bête pour la taquiner. « Oui, je sors ce soir, je reviendrai tard. ». Sortir où ? Tous les bars sont fermés et il fait dégueu dehors. Je ne pose pas de question. Elle m’embrasse et quitte la maison.
Dans le frigo, un reste de saumon d’hier mais ce n’est pas ma tasse de thé alors je décide de cuisiner autre chose. Il faut savoir que je suis nulle en cuisine... « Je vais me faire une omelette, ça ne doit pas être si compliqué », me dis-je. Des œufs, des oignons, des tomates, et la cerise sur le gâteau, un peu de crème pour la rendre plus onctueuse. Une fois ayant jugé la cuisson parfaite, je dispose mon omelette dans mon assiette. Merde, le dessous est cramé, j’ai oublié de graisser la poêle, à chaque fois je tombe dans le panneau. Je décide quand même de manger mon omelette. « ça casse pas 3 pattes à un canard », me dis-je, « mais ça fait l’affaire ». Je me pose alors dans le canap’ et je lance ma série. A peine installée, mon téléphone s’allume. C’est une notification sur Messenger : « Coucou Ana, ça avance ton article pour le Prom' ? ». 1 A la vue du message, je suis médusée... C’est la fin des haricots, j’ai complètement oublié l’article... J’éteins la télé et j’ouvre mon ordi. J’ai du pain sur la planche. Au bout, de quelques minutes, rien ne me vient, je n’ai aucune inspiration ! Je traine un peu sur internet, j’essaie de trouver une idée dans l’actualité, histoire de faire avancer le shmilblick mais toujours rien.
Ça fait 40 minutes que je tourne en rond. Littéralement. Je marche en rond dans mon salon, comme si l’idée allait venir à moi subitement. Je me retrouve soudain face à la bibliothèque. Devant moi un livre : « Expressions Françaises » . A l’intérieur il est écrit : « Pour Anaëlle. Pour ne pas « peigner la girafe » ce noël 2016. Papa. » Je le parcours. Une idée d’article me vint alors derrière la tête.
J’entends la porte claquer, ma mère débarque dans le salon. « Alors, ça baigne ? » lui lançais-je. Elle me regarde sans comprendre un instant puis, on éclate de rire toutes les deux. « D’ailleurs pourquoi on dit « ça baigne » ? Ça ne veut rien dire. », s’avoue-t- elle à elle-même.
« Je vais t’expliquer », rétorquais-je alors.
Ici, le mot « assiette » n’a rien avoir avec la vaisselle. En fait, le mot est lié au verbe « asseoir ». L’assiette signifie ainsi la manière dont on est assis. On dit d’un cavalier par exemple qu’il a « une bonne assiette » lorsqu’il se tient correctement sur sa monture. Pour cette expression, on est passé du sens « être assis » au sens « être posé ». « Ne pas être dans son assiette » veut donc dire « ne pas être posé » et donc « ne pas être dans son état normal ». Pour l’anecdote, le mot « assiette » que l’on utilise pour désigner la vaisselle dans laquelle on mange, a premièrement désigné la façon avec laquelle on disposait nos convives à s’asseoir. Par la suite, le terme a servi à désigner le petit plat destiné à chacun lorsque l’on a arrêté de servir les invités dans un plat commun.
Avoir du peps c’est avoir de l’énergie, de la vigueur. Le mot serait dérivé de l’altération du mot anglais pepper, « poivre ». Dès le début du 20e siècle aux Etats-Unis, le mot pepper, serait employé au sens figuré pour transmettre cet état de dynamisme que l’ingestion de grains de poivre pourrait nous procurer. Dans les Années folles, le mot pepper serait devenu pep, le s s’étant rajouté reste un mystère.
Pendant la Renaissance, les peintres mélangeaient leurs différents pigments pour obtenir des couleurs diverses. Pour les couleurs sombres, les artistes utilisaient du bois carbonisé. On disait alors qu’ils « broyaient du noir ». De plus, le noir a toujours été considéré comme une couleur qui rappelait la tristesse et la mélancolie. Les personnes en deuil déjà à l’époque, portaient du noir par exemple. Notamment, l’origine de « mélancolie » se raccorde à cette noirceur car le mot vient du grec melas (noir) et kolè (en latin choya, bile). « Broyer du noir » c’est donc « avoir le blues », « être déprimé » ou encore « ne pas être dans son assiette » !
Être en retard. « Etre à la bourre » pouvait signifier à l’époque être pauvre. Mais, que veut bien vouloir dire cette « bourre » ? Il pourrait s’agir d’un ancien jeu de carte nommé « la bourre ». La personne qui, en fin de partie n’a fait aucun pli est appelé « bourru » et doit donner à la banque le double des gains de tous les joueurs réunis. Ce joueur est ainsi déclaré « à la bourre » c’est-à-dire complètement ruiné. On ne sait pas vraiment comment cela a pu dévier par la suite pour exprimer un retard.
Cassandre est un personnage de la mythologie grecque. Selon le mythe, Cassandre avait comme devoir de se donner au dieu Apollon mais celle-ci ne tint pas sa promesse. Pour sa trahison, les dieux lui octroyèrent un don de prophétie avec comme pénalité que ses prédictions ne seraient jamais prises au sérieux. C’est elle qui annonce la guerre de Troie, seulement personne ne l’a crue. Aujourd’hui, « jouer les Cassandre » s’applique à quelqu’un qui ne prédit que des catastrophes et du malheur.
Y aller doucement, avec précaution. Mais d’où vient cet adverbe « mollo » ? Certainement, d’une altération du mot « mollement » qui serait synonyme de « avec délicatesse ». Cette altération s’explique par une abréviation du parler populaire qui utilise certaines terminaisons en o comme dans les mots suivants : « prolo, proprio, hosto, réglo,... »
Selon le Dictionnaire Furetière (1690), cette expression signifierait que l’on déploie une telle somme d’effort que nos pieds en viendraient à décoller du sol. « Travailler d’arrache-pied » veut donc dire « fournir un travail intense ».
Avoir faim. Cela peut se dire également « avoir la dent ». L’usage de cette expression peut toutefois s’étendre à un sens plus figuré et peut ainsi signifier un état d’appétit intense dans n’importe quel domaine, dû à un moment de privation.
Cette expression, entendue pour la première fois dans un débat télévisé signifie « en avoir assez » ou « en avoir ras le bol ». Le passage du « bol » à la « casquette » était manifestement volontaire et avait comme but de rajeunir l’expression et de la dévulgariser étant donné que le mot bol, en argot, signifie « anus », « cul ». L’expression « en avoir ras la casquette » a ainsi été utilisé pour ne pas dire « en avoir ras le cul ».
Il y a deux variantes à cette expression : « tout baigne » ou « ça baigne dans l’huile », pour la formulation complète. Peu importe la variante utilisée, cela signifie que tout se passe bien, qu’il y n’y a pas de problème. Une des hypothèses de l’origine de cette expression est en rapport avec la mécanique. En effet, l’huile utilisée dans les moteurs a pour fonction de lubrifier les pistons et permet ainsi le mouvement fluide de ceux-ci. Ainsi, quand « ça baigne dans l’huile », il n’y a pas de risque de panne, tout fonction bien.
Quand on « en rajoute une couche », on manque de discernement, on insiste lourdement sur quelque chose. Cette expression est dérivée d’une autre expression du 19ème siècle : « en tenir une couche ». Celle-ci est encore utilisée de nos jours pour parler de quelqu’un de bête, exprimant ainsi l’épaisseur de la charge que subit une personne qui manque de discernement.
S’habiller de manière élégante. Le mot « trente et un » serait en fait un défaut de prononciation car le mot initial aurait été trentain. Un trentain est un drap de bonne qualité dont la trame était composée de trente fois cent fils. Au Quebec, l’expression se serait encore plus déformée car on dit aussi « se mettre sur son trente- six ».
Cette expression trouverait son origine dans la manière avec laquelle certains animaux, les singes par exemple, cherchent méticuleusement les poux dans la fourrure de leurs semblables. « Chercher la petite bête », dans le langage courant veut donc dire chercher un détail, un élément qui invalidera une idée, montrer son désaccord en pointillant du doigt quelque chose de superflu.
Ce n’est pas ma tasse de thé » signifie ne pas avoir de goût particulier pour une chose évoquée. Cette expression est un parfait exemple de la figure de style nommée « litote ». Une litote est un euphémisme ou une atténuation qui consiste à dire moins pour laisser entendre davantage. Grosso modo, dire « ce n’est pas ma tasse de thé » peut vouloir dire « je déteste », chacun le comprend comme il le veut. On dit aussi « ce n’est pas mon truc ». L’expression est la traduction littérale de l’anglais « it’s not my cup of tea ».
On emploie cette expression pour désigner un petit complément qui donne à la chose ou à l’idée un caractère d’achèvement. C’est la touche finale. A l’image de ce que réalise le pâtissier, quand il place ce fruit appétissant au sommet de son gâteau. L’origine de l’expression est anglo-saxonne. Aux Etats-Unis on dit « the cherry on the cake » ou encore « the icing on the cake ».
On ne parle pas ici de panneau de signalisation mais bien d’un autre panneau. Ce panneau-ci désigne une sorte de de filet, composé de pans de mailles et qui servait à attraper du petit gibier. Le mot a surement été repris du latin pannellus qui renvoie à un morceau d’étoffe. Un panneau est donc un piège dans lequel on tombe par distraction ou naïveté.
Au 19e siècle, dans l’argot des cochers parisiens, un « cagnard » désignait un cheval. Cette appellation vient peut-être du fait qu’un cheval pouvait être un peu cagneux. Un cheval cagneux est un cheval qui a les pieds tournés vers l’intérieur. « Ne pas casser trois pattes à un cagnard » était compris par les militaires à l’époque comme « chevaucher d’une façon qui n’a rien d’extraordinaire ». Le mot « cagnard », n’étant plus utilisé aujourd’hui, s’est transformé en « canard ». Ainsi, nous disons « ne pas casser trois pattes à un canard » quand on veut dire que quelque chose ou quelqu’un n’est pas extraordinaire, est banal.
Selon la mythologie grecque, Méduse était la reine de Gorgones, monstres féminins coiffés de serpents. Méduse, la seule Gorgone mortelle était connue pour son irrésistible beauté. Celle-ci séduisait ses amants afin de les transformer en pierre en un seul regard. Ce pouvoir effrayait les dieux qui chargèrent les héros Persée de couper la tête de Méduse. Dans le langage courant, « être médusé » veut dire être frappé de stupeur, immobilisé, sans voix, comme si le sortilège de Méduse avait agi sur nous.
Expression ancienne que l’on utilise pour signifier une situation catastrophique, un malheur qui se rajoute aux précédents. Il y a deux explications différentes pour cette expression : l’une est historique, l’autre est ludique. La première se repose sur le sens premier de mot « haricots », légumes à gousse qui composaient notamment en grande partie l’alimentation du peuple. Ainsi, lorsqu’il y avait une mauvaise récolte, il n’y avait plus de haricots à manger et c’était la famine. La deuxième se rapporte à des jeux de société que l’on pratiquait également dans les milieux populaires. En effet, dans ce genre de jeux, les haricots faisaient souvent office de pions. Quand une personne avait épuisé tous ses haricots, c’était la fin de tout espoir de victoire.
Aujourd’hui, « avoir du pain sur la planche » veut dire « avoir du travail à accomplir » mais ça n’a pas toujours été le cas. Jadis, cette expression signifiait que l’on avait assez d’argent pour ne pas avoir peur de l’avenir et qu’ainsi on ne serait pas en état de manque dans les jours qui viennent. Effectivement, à l’époque, le pain était beaucoup plus précieux qu’aujourd’hui. Aussi, il se conservait beaucoup plus longtemps qu’actuellement, ainsi les paysans achetaient des pains pour toute une semaine et pouvaient les ranger chez eux sur des planches en bois fixées au plafond. D’où l’expression « avoir du pain sur la planche ».
Le mot « smilblick » vient du yiddish et désignait tout d’abord un objet loufoque et imaginaire dont Pierre Dac (1893-1975) parlait dans un sketch. Ensuite, le mot a été repris dans une émission télévisée dont le jeu consistait à deviner un objet en posant des questions. Les questions pertinentes faisaient « avancer le shmilblick ». Le mot « shmilblick » est parfois utilisé pour dire « truc » ou « machin » mais il ne prend réellement son sens que dans l’expression « faire (ou ne pas faire) avancer le shmilblick ».
La première girafe qui arriva en France en 1827 fascinait les gens à l’époque. L’image de celle-ci se retrouva dans plusieurs objets de décoration. L’expression « peigner la girafe » tire son origine d’une légende. L’employé du Jardin des Plantes, était accusé de ne pas beaucoup travailler. Sa réponse face à son supérieur fut « Je peigne la girafe ». Bien sûr, cette réponse se voulait sarcastique, même s’il fallait peut-être de temps en temps brosser cette dernière, la peigner était totalement inutile. « Peigner la girafe « signifie alors « accomplir une tâche longue et vaine » autrement dit, « paresser ». Un lien peut être fait également entre l’action inutile et longue de peigner la girafe et la longueur du cou de celle-ci.